vendredi 1 juillet 2016

Parti depuis le 14 avril 2015, Florian Gomet a pratiquement terminé son pari de traverser le Canada d'Est en Ouest après 11000km sans le moindre moyen motorisé.

Tout l'historique de son périple sur: cap-au-nord

 

 

Unalakleet


Dans les localités en amont de Kaltag, un seul nom revenait toujours, celui de Richard Burnham, comme étant La personne à rencontrer avant de s’engager sur l’Iditarod en direction de Unalakleet. Pour avoir tant entendu parler de lui, je dois bien avouer que j’ai été déçu par le froid accueil qu’il m’a réservé. Richard s’est contenté de me donner brièvement les informations indispensables, puis a insisté quant à la nécessité de porter une arme à feu pour se défendre des ours. A ce sujet, je suis toujours resté inflexible : aucune arme, ni même de répulsif au poivre, pendant l’expédition. Je ne pars pas en guerre ! Mon point de vue fait en général rire mon interlocuteur, je ne vois pourtant pas ce qu’il y a de drôle ! Les Americains d’Alaska sont terrifiés à l’idée de rencontrer un grizzly, j’en ai vu se promener avec deux armes à feu, d’autres tirer un coup de feu en l’air avant de s’éloigner (un tout petit peu) du chemin… Autant de réactions qui me font sérieusement penser à de la paranoïa, à moins que ce ne soit simplement une manière de travestir leur plaisir à porter une arme. Quoi qu’il en soit, Richard  est revenu à la charge plusieurs fois sur ce sujet et m’a demandé de l’appeler depuis Unalakleet dès que j’arriverai afin qu’il dorme plus tranquillement… Quand j’ai évalué à cinq jours le temps nécessaire pour traverser, Richard a ri et m’a répondu avec condescendance qu’il m’en faudrait au moins huit. Je n’ai rien rétorqué mais en le quittant, dans ma tête, le chronomètre était lancé, je ferai sonner son téléphone avant cinq jours. La peur, la faim et dans le cas présent l’orgueil, sont de bons carburants pour avancer, à conditions qu’ils soient canalisés afin de ne pas envahir tout le paysage mental. Dans une expédition, il est important de savoir faire feu de tout bois.
La première journée fut celle du bizutage car je me suis perdu dans les marécages boisés, denses comme la jungle, au milieu d’un nuage de moustiques. Je m’étais éloigné de la trace pour traverser une rivière à gué mais je n’ai pu la recouper car mes cartes et gps m’indiquaient l’ancien tracé qui partait au sud alors que le nouveau partait dans la direction opposée. J’ai progressé laborieusement en hors-piste durant une très longue après-midi, ce n’est qu’à un col étroit où toutes les pistes doivent transiter que j’ai pu retrouver avec soulagement l’Iditarod. Il y a eu deux autres journées de marche, sans incidents, dans les marais et la toundra durant lesquelles j’ai eu la surprise de rencontrer deux équipes venues en hélicoptère et installées chacune dans les deux cabanes en rondin du parcours. La première étudiait un projet de protection des incendies, l’autre entretenait ces cabanes qui servent d’abri public pendant l’hiver. Ensuite, au lieu de continuer à pied comme je l’avais prévu, j’ai préfèré descendre en kayak la rivière Unalakleet, et ainsi traverser cette région comme cela se faisait au bon vieux temps. Avec ses méandres interminables, elle est trois fois plus longue que le chemin mais elle épargne beaucoup de peines. Deux jours plus tard, j’arrivai à Unalakleet au bord de la mer de Béring, qui pour moi, n’est autre que l’océan Pacifique. Il est un moment merveilleux de voir l’immensité de l’océan s’ouvrir après avoir parcouru 11000 km. Je ne sais encore comment le regarder, comme une barrière bleue ou bien une invitation pleine de promesses.
En tout cas, l’invitation terrestre, elle, est venue de Karl le docker qui m’a abordé avec gentillesse et simplicité dès mon arrivée. C’est de sa maison que je vous écris et prépare la suite de l’aventure qui va me mener à Koyuk dans 3 ou 4 jours. Pour ce faire, je vais suivre les splendides plages de la mer de Béring, marcher au pied des falaises à marée basse et franchir une péninsule en coupant à l’intérieur des terres.
Ces 5 jours font parti des plus beaux du voyage.
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Arrivée à Unalakleet
Arrivée à Unalakleet